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Un Etranger en Olondre, c’est l’histoire d’une vie, celle de Jevick, fils d’un riche marchand de poivre, destiné à reprendre le commerce florissant de son père en guise d’héritage. Recevant l’éducation d’un véritable lettré, Jevick se découvre une passion dévorante pour les légendes émanant de la lointaine Olondre, une contrée qu’il découvre par les yeux et les souvenirs de son précepteur, un olondrien en exil. De l’Olondre, il ne sait finalement pas grand-chose, si ce n’est que c’est un carrefour commercial important - destination privilégiée par son père pour y écouler son poivre – mais aussi une contrée où les livres sont monnaie courante. Durant toute sa jeunesse, il va nourrir le secret espoir de se rendre un jour dans ce pays fantasmé, allant jusqu’à en apprendre la langue ainsi que les us et coutumes. C’est à la mort de son père qu’il pourra entreprendre le voyage tant désiré, officiellement pour perpétuer le commerce familial, mais surtout pour parcourir ce territoire objet de tous ses rêves. Mais, du rêve il ne subsistera bientôt plus grand-chose, lorsque Jevick sera confronté à la réalité d’un pays décadent et à une « maladie » qui le consumera à petit feu.
Avec un "Etranger en Olondre" de Sofia Samatar, la maison Argyll rajoute à son catalogue une très belle parution, servie par une couverture absolument somptueuse. Sorti initialement en 2013, gratifié d’un grand nombre de récompenses prestigieuses outre-Atlantique (Prix World Fantasy du meilleur roman 2014 et prix British Fantasy 2014) et classé par le Time parmi les 100 meilleurs livres de fantasy (excusez du peu !), il nous tardait de nous plonger dans les aventures de Jevick de Tiom. Et quel voyage ce fût !
Un Etranger en Olondre appartient à un genre de fantasy assez rare, difficile à enfermer dans une catégorie qui serait par définition bien trop restrictive pour englober toute la subtilité de ce livre. Le récit se veut contemplatif, et c’est la force évocatrice des descriptions de l’autrice qui nous frappera dès les premiers paragraphes. C’est également une quête initiatique, où le jeune Jevick se retrouvera à côtoyer des personnages très différents, certains lui témoignant une profonde bienveillance, tandis que d’autres lui manifesteront une franche hostilité. Mais il est aussi question d’amour dans cet ouvrage, qui en est au final le fil directeur le plus important ! L’amour entre deux êtres d’abord, qui défie le temps et l’espace, mais également l’amour pour les mots, les livres, et l’importance qu’ils revêtent dans des sociétés en proie à de profondes crises.
Le rythme du livre est lent, presque lancinant, aussi ne vous attendez pas à de l’action permanente, ce n’est pas l’objectif recherché par Sofia Samatar. Cette dernière dispose d’un talent unique pour restituer de manière poétique le moindre détail contemplé par son personnage. En ceci, le livre peut s’avérer difficile d’accès, n’autorisant pas une lecture en diagonale, et il ne s’apprécie qu’en nous détachant totalement de notre environnement, en nous laissant porter par l’atmosphère envoutante de l’histoire. Une fois plongé dedans, il est étonnement difficile d’en sortir. C’est d’ailleurs l’occasion de saluer le travail de traduction qui a su rendre à la perfection les envolées poétiques de l’autrice.
La construction du récit est particulière puisque l’histoire se déroule autour d’un unique personnage, Jevick, que l’on suivra de sa plus tendre enfance passée dans la « maison de son père », jusqu’à ses pérégrinations à travers l’Olondre. C’est tout un ensemble de thèmes très contemporains qui vont être abordés au cours des différentes périodes de la vie de Jevick. Sa jeunesse est marquée par l’omniprésence de la figure paternelle, vénérée comme une figure quasi-divine par toute sa maisonnée, ce père auquel personne n’ose s’opposer et qui dicte à Jevick la conduite à adopter pour pouvoir être digne de perpétuer l’héritage familial. Devant les drames familiaux qui se déploient au fil des pages, c’est l’image d’une jeunesse révoltée que dépeint l’autrice par le prisme d’un Jevick tentant à tout prix de s’écarter du chemin tracé par son père. C’est grâce à ses connaissances acquises auprès de son précepteur qu’il y parviendra, l’autrice rappelant ici l’importance de l’éducation pour toute une jeunesse qui s’en retrouve privée.
Le départ de Jevick pour l’Olondre marque ensuite le temps des voyages et de l’amour, de la liberté que l’on croit acquise et de l’insouciance. Libéré de la pression paternelle, le jeune Jevick ira de rencontres en rencontres, et fera la connaissance de son âme-sœur mais aussi de personnages auprès desquels il aura l’occasion de manifester son ouverture d’esprit et sa capacité à débattre de tout (certains passages tendent vraiment vers la fantasy philosophique !). On sent déjà que derrière ce vernis un peu trop brillant se cache une réalité un peu moins reluisante, et il en fera l’amère découverte lors d’un festival, après lequel il se retrouvera atteint d’une étrange maladie, le mettant à l’écart de la société.
C’est à ce moment que débute son véritable voyage, à travers l’Olondre, mais surtout en lui-même, en quête de « son Ange ». Au bord de la folie, maudit, le personnage se retrouvera malgré lui mêlé à des guerres de religion, et l’intolérance aura souvent raison de sa volonté. Il y découvrira le pouvoir des mots, lesquels sont les plus à même de lutter contre l’obscurantisme latent qui menace la contrée de la poésie et de la philosophie. C’est la question de la tolérance qui est ici abordée dans l’ouvrage, en confrontant Jevick le rêveur à la dure réalité d’un monde désabusé, en proie au doute et à des guerres intestines.
Un Etranger en Olondre, c’est donc un roman résolument engagé, comme on en fait peu dans le domaine de la fantasy. C’est un texte d’une beauté et d’une intelligence absolument captivante, d’où s’échappe un romantisme tout en subtilité, loin des clichés habituels. Malgré tout, et comme déjà évoqué, cette lecture se mérite, et il faudra se départir de toutes nos habitudes de lectrices/lecteurs de fantasy pour apprécier le voyage de Jevick.
Le mot de la fin
Pour ma part, je me suis surpris à m’abandonner totalement dans cette lecture, tournant les pages les unes après les autres sans m’en rendre compte. C’est assez rare pour le souligner, mais c’est un livre qui m’a profondément marqué, bien qu’il soit loin de mes lectures habituelles, et ce côté lent et mélancolique qui pourrait en rebuter certains m’a au contraire plongé dans une sorte de torpeur qui permet de l’apprécier à sa juste valeur.
Une belle pépite qui mérite amplement les prix qui lui ont été attribués !
Et parce qu'on en a jamais assez, voici un passage entier démontrant toute la finesse de l'autrice :
« Ces jours, ces jours où elle restait couchée devant la porte : chacun d’entre eux me faisait souffrir et chaque heure avait sa souffrance particulière. Des heures perdues, irrécupérables, dont je me serais emparé et que j’aurais chéries, jetées dans la boue. Des heures passées seule, abandonnée par ses amis. Si j’avais été un de ses amis, si j’avais mangé avec elle, au milieu des champs, des poissons volés si j’avais été touché par cette grâce inconcevable, rien n’aurait pu me séparer d’elle. Ni le kyitna, ni ces cheveux de la couleur des baies empoisonnées, que j’aurais tressés en cordes pour m’attacher à ses côtés, ni la haine du monde entier, ni la peur de la maladie, de la contamination, que j’aurais accueillie avec joie. Oui, j’aurais caressé ces cheveux, enserré cette taille, inhalé son souffle apeuré dans l’espoir que la malédiction enfle pour m’englober également et que nous puissions enfin être en sécurité, loin de tous les autres, dans l’honneur et l’élection de la mort. Être, comme elle, une aristocrate de la mort et finir ensemble enterrés sous ses fleurs écarlates. Souffrir, comme elle, de fièvres torrides. Attraper sa main alors que j’aurais lutté pour survivre et écouter ses paroles de réconfort m’apporter leur transparente fraîcheur d’au-delà des étoiles. »
David pour l'Antre !
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